LES ÎLES DU COMMANDEUR

Un archipel perdu dans l'océan Pacifique, entre le Kamchatka et l'Alaska
Les îles du Commandeur, où c'est?

Tout plaquer et partir au bout du monde… une idée qui peut traverser l'esprit de beaucoup d'entre nous mais qui en même temps semble pas très réelle. Et si ce bout du monde existait, si on pouvait indiquer ses coordonnées exactes sur la carte ? Bonne nouvelle : il existe bien et son nom est les îles du Commandeur.

En avez-vous déjà entendu parler ? Si la réponse est «non» ce n'est pas étonnant : même la plupart de mes connaissances russes ne savent pas où se trouve ce territoire qui pourtant fait partie de la Russie.

C'est un archipel constitué de 4 îles dont 2 relativement grandes (île de Béring et île Medny) et 2 tout petites qui ne sont que des rochers qui n'abritent que des colonies d'oiseaux (île Toporkov et île Ary Kamen).

Ce petit bout de la Russie est perdu à Sud-Ouest de la mer de Béring, à presque 7 000 km de Moscou, à 200 km de la côte de la péninsule de Kamchatka et seulement à 350 km des Etat-Unis (îles Aléoutiennes). Pour être difficilement accessible elles le sont ! « Comment, à notre époque, avec tous les moyens de transport modernes… », vous me dites, - tout n'est pas si simple que ça.

Commençons par mentionner que la seule île habitée de l'archipel est celle de Béring. Toute sa population, 700 personnes, est concentrée dans l'unique village, Nikolskoé. Effectivement, le lien entre l'île et « la Grande Terre » comme disent les habitant dudit village existe. Premièrement, si on parle horaires, une compagnie aérienne locale effectue 2 vols par semaine entre le Kamchatka et Nikolskoé, un petit avion et 3h de vol, c'est pratique, sauf que leurs horaires sont faits pour rester sur papier.


Là, il faudrait mentionner le climat de ces îles. La température moyenne en été est de +10 C°, déjà on ne risque pas d'y crever de chaleur, à par ça, c'est parfaitement le royaume des vents et du brouillard – je crois que je n'ai jamais vu autant de brouillards dans ma vie que pendant mon séjour sur les îles du Commandeur – et le nombre de jours avec des précipitations par mois vacille entre 23 et 30, autrement dit, il pleut tout le temps ou presque. Les prévisions météo y sont quasiment inutiles vu que, par-dessus tout, le temps change plusieurs fois par jour.

Revenons donc à nos avions. Non seulement le pilote ne peut pas poser l'avion dans le brouillard, il faut un minimum de visibilité, mais en plus la piste de l'aérodrome n'a pas de revêtement dur et se transforme en marécage après chaque bonne pluie ce qui rend l'atterrissage également impossible. Comme conséquence, les retards de plusieurs jours voire semaines (en hiver) y sont une chose commune. La plus désespérante des situations pour les passagers dont j'ai été témoin est que l'avion est arrivé, le brouillard aussi, dans l'impossibilité de se poser, après avoir fait quelques tours, le pilote a pris la décision de faire demi-tour : plus de 6h d'avion pour finalement revenir au point de départ, tant pis.
Pour ce qui est du transport maritime, les eaux de l'océan Pacifique ne sont pas des plus calmes et la navigation est également soumise aux caprices de la nature. En outre, l'unique compagnie de bateaux publique qui gère la flotte de transport de passagers et de marchandise au Kamchatka subit la pénurie de moyens de navigation et si dans le temps la liaison avec Nikolskoé était plus ou moins régulière, en 2019, il n'y a eu qu'une seule tournée, cette année il y en a eu 2 (je parle bien du bateau qui transporte les passagers, car celui qui réapprovisionne le village en produits alimentaires fait plus ou moins son boulot).

Autres moyens d'y accéder ? Oui, affréter un bateau avec un capitaine expérimenté et se lancer à l'aventure… ou un hélicoptère si vous êtes un millionnaire.

Ceci dit, si le destin vous a amené sur cet archipel il faut juste rester zen, sortir les vêtements imperméables de votre sac, accepter le climat qui a malgré tout son charme particulier et laisser les événements suivre leur cours, c'est alors que les îles commenceront à se découvrir devant vous dans toute leur splendeur secrète. Vous êtes au pays des merveilles.

Un peu d'histoire ou « qui c'est le commandeur ».

L'histoire remonte au XVIII siècle, à l'époque ou le tsar russe (Pierre le Grand) a lancé la campagne d'exploration scientifique de la côte Pacifique connue comme « les expéditions de Kamchatka ». Vitus Béring, un explorateur et capitaine-commandeur de la marine russe d'origine danoise a été nommé chef des 2 Expéditions de Kamchatka.

La première expédition (commencée en 1725) dont l'objectif était d'accumuler les éléments pour la création des cartes géographiques et de voir si le continent Eurasiatique et séparé de celui Américain par la mer a été fructueuse : Béring a contourné la côté asiatique en prouvant que les continents ne sont pas reliés sans pourtant atteindre la côte américaine.

La deuxième expédition (commencé en 1734) avait pour but d'atteindre et d'explorer la côte américaine. C'est seulement en 1740 que les 2 bateaux de l'expédition (« Saint Pierre » et « Saint Paul ») ont atteint la baie où ensuite a été fondée Petropavlovsk, la capitale du Kamchatka (la ville a été nommé d'après les bateaux de l'expédition de Béring, en russe, Petr = Pierre, Pavel = Paul, donc c'est la ville de Pierre et Paul). L'expédition a continué, mais en 1741, ils ont été surpris par une forte tempête et se sont perdus l'un l'autre, les deux bateaux ont pourtant atteint l'Amérique. Sur le chemin de retour, « Saint Pierre », dirigé par V. Béring, a jeté l'ancre près d'une île pour se réapprovisionner, mais un vent violent a jeté le bateau sur les rochers. Le commandeur et une partie de son équipe n'ont pas survécu à l'hiver rude sur cette île qui porte aujourd'hui le nom de Béring et où se trouve sa tombe. Les survivants ont réussi à construire un nouveau bateau avec les débris de celui échoué et retourner au Kamchatka.

Un an plus tard, l'exploration de l'archipel a continué, les gisements de cuivre ont été découverts sur l'île voisine, ce qui lui a donné son nom, île Medny (« île de cuivre » en russe). L'île Toporkov (« île de macareux » en russe) a été nommé d'après cet oiseau au bec orange y faisant des colonies, et la plus petite, Ary Kamen, selon le guillemot, un autre oiseau dont on y trouve des colonies.

Après la découverte de l'archipel, les chasseurs russes ont commencé a s'y installer pour pratiquer la traite des fourrures. Dans les années 1825 – 1826, des familles d'aléoutiens ont été amenées sur l'archipel depuis les îles Aléoutiennes voisines et sont devenus les premiers habitants des îles du Commandeur.

En 1993, une réserve naturelle a été créée sur le territoire de l'archipel dont l'objectif était la préservation de la biodiversité des îles, cette réserve fonctionne jusqu'à nos jours.

Les habitants de l'île de Béring.

Comme j'ai déjà mentionné, l'archipel ne souffre pas du surpeuplement. A l'époque, l'île Medny était habitée, mais en 1970 ses habitant ont été transférés au village Nikolskoé de l'île de Béring qui de nos jours reste le seul endroit de l'archipel où les humains sont présents (à peu près 700 personnes). La population est russophone même si multinationale. Au village il y a quelques épiceries, une école, un petit hôpital, une église, un musé…les immeubles sont tous typés car construits avec des kits amenés en bateaux, comme du lego.
En ce qui concerne les occupations, c'est avant tout la pêche et la production du caviar de saumon. Il y en a qui travaillent dans la réserve naturelle (même si les relation entre cette dernière et la population locale qui a l'habitude de vivre de ce que leur donne la nature sont assez tendues) ou dans d'autres services publiques ou privés (chaudière, école, hôpital, poste, aéroport, épicerie, bureau de banque…). En ce qui concerne les loisirs, ils sont surtout liés à la nature : pêche et chasse, sorties en quad, ramassage des baies et des champignons dans la toundra, c'est ce que j'ai remarqué durant mon séjour.

Qu'en est-t-il des aléoutiens ? Malheureusement leur culture et je dirais même leur identité nationale est en train de se perdre. Ils se sont bien assimilés avec les russes. En ce qui concerne leur langue, les doigts d'une main seraient suffisants pour compter les usagers de la langue aléoutienne à Nikolskoé et se sont des gens de plus de 90 ans. Cette situation leur fait de la peine, beaucoup de gens de la génération plus jeune me disaient qu'ils regrettaient de ne pas parler leur langue mais que c'était trop tard.

Pendant mon séjour, j'ai loué une chambre à une mamie de 80 ans, originaire de l'île Medny, mi-russe, mi-aléoutienne. Elle a fait partie de cette vague d'immigration forcée en 1970 depuis l'île Medny où elle n'est jamais revenue et qui pour toujours reste dans sa mémoire comme une île paradisiaque, alors qu'elle n'a jamais pu aimer celle de Béring. Elle me disait qu'elle pouvait parler aléoutien, mais que c'était imparfait, qu'elle faisait des fautes, que son père russe interdisait à sa mère aléoutienne de parler aléoutien avec les enfants en le prétextant par les difficultés que ça pourrait créer pour leur maîtrise du russe. Quelle stupidité ! Mais les gens y croyaient, et ça a donné ce que ça a donné.

Et les occupations traditionnelles alors ? Quelle est l'occupation qui initialement a amené les gens venir vivre sur l'archipel ? Il s'agit bien sûr de la traite des fourrures d'otarie et de renard polaire. Le métier traditionnel qui était la raison de la présence humaine sur les îles et qui est presque mort aujourd'hui (je dis presque car il y a un petit quota pour les aléoutiens autochtones mais il ne s'agit plus d'industrie comme c'était auparavant). J'ai eu la chance de faire connaissance d'un aléoutien, un des rares représentants de ce métier, il m'en a longuement parlé, ça a beaucoup de nuances à commencer par le choix de l'animal à abattre jusqu'aux étapes du traitement de la peau. Même si dans l'esprit d'une personne contemporaine tuer un animal sauvage à l'échelle industrielle pour sa peau semble une sauvagerie totale, tous ces témoignages sont très intéressants, c'est de la vrai histoire racontée par les gens qui l'ont vécue.

Globalement, les gens de Nikolskoé sont assez accueillants et hospitaliers, s'intéressent aux visiteurs et ont envie d'échanger, de raconter leur vie, de mettre en valeur leur patrimoine culturel et naturel. Ils aiment leur île malgré le climat dur qu'ils ne remarquent même pas, malgré l'isolement et comme conséquence le coût très élevé des biens de consommation, malgré le choix très limité de produits alimentaires et l'accès difficile aux services publiques, mais ils ne veulent pas partir parce qu'ils ont l'essentiel – une énorme liberté.
« La mer de Béring n'est pas la meilleure mais n'est pas non plus si mauvaise que ça », - par ces mots commence la dédicace que m'a écrit un autre personnage remarquable de mon aventure sur les îles du Commandeur, Sergey Paseniuk, peintre, écrivain et grand aventurier, auteur du livre « Solo à travers la mer de Béring » que j'ai avalé en une soirée. Tout seul, en petit voilier sans moteur il a traversé l'océan Pacifique pour atteindre Seattle aux Etats-Unis. Aventuriers et un peu fous tous les deux, on a tout de suite trouvé la langue commune et je venais souvent lui rendre visite dans son atelier-musée et écouter ses histoires de voyages à travers le monde qui ont toujours fini sur son petit bout de terre chéri perdu dans l'océan – l'île de Béring.
Sergey en train de tracer son circuit à travers l'océan Pacifique.
La nature des îles

La nature, à la base c'est bien la nature qui m'a attiré pour entreprendre ce long voyage. En tant que photographe de nature sauvage j'ai surtout été tentée par la faune locale. Et je n'en ai pas été déçue.

La faune insulaire n'est pas très dérangée par l'homme, les animaux s'y sentent chez eux et ne sont pas très farouches.

Prenons, par exemple, le renard polaire bleu de Béring (Alopex lagopus beringensis), endémique de l'île. Un animal charmant qu'on trouve partout. Pendant un mois, j'ai eu la chance d'observer une famille de renards polaires où il y avait 8 bébés. Le terrier se trouvait seulement à 3 km du village et je m'offrais souvent une promenade à travers la toundra pour voir comment grandit la progéniture. Prudents au début, ils ont fini par s'habituer à ma présence et même ont commencé à faire des tentatives de mordre ma chaussure ou ronger mon sac…

Le renard polaire est le seul mammifère terrestre de l'île de Béring donc il n'a pas d'ennemis dans la nature, il n'est plus non plus chassé par l'homme pour sa fourrure et ne manque pas de nourriture (avec tout ce qu'il y a comme poisson et les cadavres d'oiseaux et d'otaries, il n'y a pas de raison de s'inquiéter du bienêtre du petit renard). Une vrai île paradisiaque !
Les otaries à fourrure du Nord (Callorhinus ursinus), une autre spécialité de l'île. On peut les trouver dans 2 endroits : au nord et au nord-ouest de l'île, c'est là qu'ils font des colonies. En hiver, ils vivent dans l'océan, en été ils sortent pour se reproduire et élever leurs petits. C'est intéressant d'observer leur organisation. Il y a une partie de la plage qui est réservée aux harems, normalement on y trouve un mâle au milieu, ses femelles autour de lui et les bébés à côté d'elles. Les femelles sont assez passives et bougent pas beaucoup, ça arrive que les mâles essayent de piquer une femelle à leur voisin quand l'autre ne voit pas.

Une autre partie de la plage est réservée aux mâles célibataires, là-bas, il y a plus d'activité : ils crient, se battent, courent l'un après l'autre, vont nager dans l'océan et ressortent pour trainer sur le sable. Je me demandais où étaient les femelles célibataires et comment elles passaient leur temps, les gens qui s'y connaissent m'ont dit que cette catégorie n'existait pas, les femelles sont toujours à quelqu'un.
Un autre animal qui ressemble à l'otarie à fourrure du Nord mais beaucoup plus grand c'est le lion de mer de Steller/otarie de Steller (Eumetopias jubatus) Le poids des mâles adultes va jusqu'à 1000 kg ! Malheureusement, ces géants sont en danger de disparition : pour des raisons inconnues à la science, ces dernières décennies leur population n'arrête pas de diminuer. Sur l'île de Béring, on trouve les lions de mer à côté des otaries à fourrure du Nord, sauf que leur quantité est beaucoup moins importante.
Le troisième mammifère marin qui mérite d'être mentionné est la loutre de mer (Enhydra lutris). On peut souvent les voir balancer tranquillement sur les vagues à côté de Nikolskoé, le plus souvent sur le dos, en train de grignoter quelque chose. Parfois on en voit deux qui s'enlacent.
Et finalement, il y a des phoques (Phoca vitulina stejnegeri), le jour où je les ai rencontré le brouillard était tellement épais que c'était pas évident de prendre des photos.

Les autres représentant importants de la faune insulaire sont bien sûr les oiseaux. Les plus photogéniques sont les macareux huppés (Lunda cirrhata) qui se sont approprié toute une île, celle de Toporkov, qu'on peut rejoindre en 10 min en bateau depuis Nikolskoé. C'était la première fois de ma vie que je voyais des macareux en telles quantités.

Un autre oiseau qui lui ressemble est le macareux cornu (Fratercula corniculata), à la différence de son confrère, il a la poitrine blanche. J'en ai vu quelques exemplaires seulement.

En colonies, on voit également beaucoup de cormorans, de guillemots, différents espèces de mouettes. En oiseaux de toundra, j'ai rencontré les bécasseaux des Aléoutiennes et de nombreux lagopèdes.
Et bien sûr on ne peut pas ne pas mentionner le saumon, la denrée de l'archipel, la principale source alimentaire des animaux locaux et des humains également. Déjà, sur les îles du Commandeur (et en Extrème-Orient en général) personne ne dit « saumon » car il y en a plusieurs espèces qui sont différentes visuellement, du mode de vie et bien sûr du goût. C'est comme pour nous de dire « fruit » au lieu de dire « pomme » ou « banane ».

Quand j'étais petite je me demandais comment les ours et autres animaux arrivent à pêcher le saumon, ça me semblait improbable…parce que je ne savais rien sur la reproduction du saumon et que les poissons quittent l'océan pour remonter les rivières et frayer dans l'eau douce. C'est en ce moment-là que la pêche devient facile, maintenant je sais que sans être un ours je pourrais y arriver.

Un jour, mon ami aléoutien m'a amené à la pêche au sockeye (saumon rouge), on a mis du temps à courir la toundra en regardant les petits ruisseaux, quand on a trouvé le frai, il a fallu quelques minutes pour sortir 2-3 poissons (en faisant attention pour ne pas prendre les femelles !).

Une autre expérience qui m'a beaucoup marquée étaient les deux jours que j'ai passé au bord d'une cascade (comme par endroits la côte est assez raide et forme même des falaises, et que les rivières et les ruisseaux bien nombreux, les cascades ne manquent pas sur l'île de Béring) en train d'observer le frai du saumon bossu. Quelle force ! Quelle obstination ! Des centaines de saumons remontaient une petite rivière qui se jette dans l'océan et essayaient de sauter dans une cascade que celle-ci formait. Ils allaient contre le courant fort, sautaient à un mètre de l'eau, tombaient sur les rochers, se faisaient emporter par le courant, recommençaient…et tous cela avec le seul et unique objectif : se reproduire et mourir après en laissant leur progéniture se nourrir de leur chair morte. Sacré nature ! Les île du Commandeur sont un endroit idéal pour observer ce phénomène extraordinaire en raison d'absence des ours. Au Kamchatka par exemple, je ne pourrais pas rester longtemps les pieds dans une rivière pleine de poissons car rentrerais très vite en concurrence avec les amis poilus.
Pour finir la description des richesses naturelles des îles du Commandeur, quelques mots sur le relief et les paysages. Non, on n'y trouve pas de gros volcans aux sommets enneigés comme au Kamchatka, ni de grands canyons, la nature y est très sobre. C'est la toundra infinie, beaucoup de marécages, des collines vertes, des falaises d'un côté et des dunes de l'autre, des récifs qui se découvrent pendant la marée basse et des éperons d'érosion marine (les rochers détachés le long du littoral). Le plus connus de l'île de Béring, l'Arche de Steller, est classé « monument naturel ».
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Les îles du Commandeur, tellement éloignées et si difficiles d'accès, entourées des eaux agitées de l'océan Pacifique et presque tout le temps plongées dans le brouillard... le jeu en vaut-il la chandelle ? A mon avis, oui. Je suis tombée sous le charme de ce petit bout de terre et j'y reviendrai certainement.